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Cela a commencé par un bourdonnement dans le ciel, un petit avion traînant derrière lui un message : « Sois aimable, Ron ! » Et quand Ron DeSantis est arrivé pour vendre sa candidature à la présidentielle, un bruit strident de sifflets et de cloches de vache a couvert sa voix pendant un bon quart d’heure. La marque, au moins, que le gouverneur de Floride est encore identifié comme une menace, malgré sa chute brutale dans les sondages et ses difficultés à faire des « retail politics » – sourires et poignées de main.
Donald Trump, lui, avait laissé durer le suspense sur sa venue à la « State Fair » de l’Iowa, une plongée dans l’Amérique rurale avec concours agricole et débauche de nourriture grasse et sucrée, mais qui est surtout un must pour les candidats à la présidentielle : l’Iowa sera le premier Etat à voter pour les primaires républicaines, le 15 janvier prochain. Sortir en tête de ce premier scrutin, c’est « projeter de la force », comme disent souvent les candidats à propos de ce qu’ils veulent pour l’Amérique.
Débat sur bottes de paille
Trump a fait durer le suspense mais il est bien venu, chemise blanche et costume quand les autres arboraient leurs plus vieux jeans et leurs plus belles « cow-boy boots ». Largement en tête dans tous les sondages sur les primaires à droite, il a dédaigné le circuit des autres candidats – la conversation avec la gouverneure Kim Reynolds, qu’il juge trop peu engagée à ses côtés, et l’invitation du grand quotidien local, le « Des Moines Register », sur les traditionnelles bottes de paille.
Ses supporters, qui s’échangent la moindre vidéo sur leurs boucles de messages, avaient comme toujours répondu à l’appel, les curieux aussi. Donald Trump n’a pas besoin de dérouler de programme, quelques phrases suffisent – « les impôts sont au plafond, les Etats-Unis sont la risée du monde ».
Pour écraser la concurrence – Ron DeSantis -, il avait fait venir une brochette d’élus floridiens engagés derrière lui plutôt que derrière leur gouverneur. Son ancien vice-président Mike Pence, qui a rompu le 6 janvier 2021 en certifiant l’élection, avait évité la confrontation directe en venant la veille, peinant à susciter l’enthousiasme autour de lui.
Pouvoir à l’échelon local
Sous un soleil implacable qui à lui seul fait figure de test de résistance pour les candidats, écouter une demi-douzaine d’entre eux dessine malgré tout l’état des idées de la droite américaine, à défaut d’une ligne officielle que le parti républicain n’a pas renouvelée depuis la victoire de Donald Trump en 2016.
La Chine est l’ennemi désigné, de sa fourniture des composants du fentanyl (un opioïde puissant et meurtrier aux Etats-Unis, NDLR) aux terres agricoles. Hausse des taux d’intérêt et dégradation de la note de crédit des Etats-Unis oblige, la dette fait aussi un retour en force parmi les préoccupations républicaines. Seule Nikki Haley, ex-gouverneure de Caroline du Sud et seule femme en course à droite, rappelle que la droite est aussi responsable d’une part de l’envolée de la dette – via les baisses d’impôts non financées des entreprises en 2017.
Pour couper dans les budgets, les candidats n’évoquent plus la couverture santé (Medicare et Medicaid) en réalité prisée par beaucoup d’électeurs de droite, mais plutôt les crédits des agences fédérales, pour redonner du pouvoir aux Etats et à l’échelon local.
L’éducation fait notamment recette, entre les débats sur les enfants transgenre, la « liberté de choix » pour l’école privée et l’implication des parents dans la gestion des établissements – avec un mouvement des « Moms for Liberty » qui s’est structuré pendant le Covid. « Lorsque vous vous en prenez aux enfants, vous réveillez un grand nombre de femmes », a prévenu Ron DeSantis.
Sur l’avortement en revanche, pas un mot ou presque dans la parole très maîtrisée des candidats. Depuis quelques mois, la droite gère le sujet des restrictions avec prudence : l’Ohio pourtant conservateur vient d’essuyer un nouvel échec électoral autour d’un durcissement.
L’occasion de se faire connaître
Pour une partie des candidats présents, venir à la State Fair, c’est l’occasion unique (et presque ultime) de se faire remarquer. Le maire de Miami (Floride) Francis Suarez, deux mois de course à la présidentielle et peu d’accointances avec Ron DeSantis, cherche ainsi à franchir les seuils en donateurs et en popularité dans les sondages afin de se qualifier pour le premier grand débat télévisé à audience nationale, le 23 août. Une participation déjà actée pour un autre néocandidat, le jeune entrepreneur Vivek Ramaswamy.
La route est encore longue jusqu’aux primaires, et même après. « DeSantis baisse dans les sondages parce que les gens découvrent qui il est : il est soutenu par l’establishment », estime Shery, une supporter de Donald Trump. Mais après la défaite de l’ex-président en 2020, ses mauvais résultats aux législatives et ses trois inculpations – probablement une quatrième dans quelques jours -, « Ron DeSantis essaie de montrer que pour gagner, c’est lui qu’il faut élire », explique Jacob Hall, un ancien journaliste qui a créé il y a quatre ans « The Iowa Standard », un média dont il est le seul employé et qui promeut « une vision conservatrice ».
La primaire de l’Iowa ne vaudra pas parole d’évangile : Mike Huckabee puis Ted Cruz l’ont remporté et n’ont jamais confirmé. Les démocrates, de leur côté, ont abandonné l’Etat au profit de la Caroline du Sud pour inaugurer leurs primaires, après les déboires de leur organisation locale en 2020. Les deux opposants de Joe Biden étaient tout de même présents à Des Moines : Marianne Williams et Robert Kennedy Jr (neveu de JFK et fils de Bob Kennedy). A 71 et 69 ans, ils n’incarnent toutefois pas encore la relève démocrate.
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