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Le voile se lève peu à peu sur la gestion financière opaque de la Banque du Liban (BDL), aux mains pendant trente ans de Riad Salamé. Un rapport d’audit préliminaire du cabinet Alvarez & Marsal (A&M), daté du 7 août et ayant fuité dans la presse vendredi, pointe du doigt des pratiques comptables douteuses et un exercice du pouvoir discrétionnaire par l’ancien gouverneur de la banque centrale.
La BDL et son ex-gouverneur, autrefois considérés comme les piliers du système financier de l’après-guerre civile (1975-1990), sont aujourd’hui vivement décriés au Liban. Ils sont critiqués pour avoir contribué à plonger le pays dans la grave crise économique et de liquidités dans laquelle il s’enfonce depuis 2019. L’audit d’A&M, commandé en 2020 par l’Etat libanais, a pour but de retracer l’historique des transactions de l’institution pour détecter d’éventuelles fraudes sur une période limitée, entre 2015 et 2020.
Passif de la banque centrale minimisé
Ce document de plus de 300 pages, consulté par Les Echos, épingle les pratiques comptables de la Banque du Liban, notamment la dissimulation de ses pertes. Bien que la BDL soit passée entre 2015 et 2020 d’un excédent à un déficit de devises de près de 51 milliards de dollars, cette détérioration n’a pas été portée à son bilan lors de ses déclarations financières annuelles, dénonce le cabinet. « Les politiques de la BDL lui ont permis de surévaluer ses avoirs, son capital et ses profits, tout en minimisant son passif », estiment les experts.
A&M évoque également le pouvoir décisionnaire presque sans limites du gouverneur, en particulier en ce qui concerne les coûteuses et controversées opérations d’ingénierie financière réalisées par la banque centrale, garantissant des taux d’intérêt colossaux aux banques commerciales en échange de leurs liquidités en dollars. « Même une politique comptable non conventionnelle, afin d’être considérée comme une politique, doit présenter certaines caractéristiques de base ; par exemple être clairement énoncée, susceptible d’être auditée et ne pas dépendre d’un jugement ad hominem », rappelle A&M.
Des preuves de « commissions illégitimes »
Le rôle de contrepouvoir exercé en théorie par le Conseil central – constitué du gouverneur, de quatre vice-gouverneurs, du Directeur général du ministère des Finances et du Directeur général du ministère de l’Economie – était « très en dessous des standards minimums de bonne gouvernance », critique encore A&M. « Avant 2019, chaque réunion commençait par un monologue du gouverneur, constituant l’arrière-plan de la décision qui allait être prise », observe A&M. « Les décisions du Conseil central relatives aux ingénieries financières ne semblent pas avoir été raisonnées, appuyées sur une justification économique articulée », tance le cabinet.
L’audit a également trouvé des preuves de « commissions illégitimes » versées à six banques libanaises et une banque suisse d’un montant de 111 millions de dollars à partir d’un compte de la banque centrale sur la période étudiée. Des informations qui viennent s’ajouter aux éléments déjà en possession de la justice au Liban et dans plusieurs pays européens, où le gouverneur fait l’objet de poursuites pour détournement et blanchiment d’argent public entre 2002 et 2016. Il fait également l’objet de sanctions économiques de la part des Etats-Unis, du Canada et du Royaume-Uni, dévoilées la semaine dernière, sur fond de soupçons de corruption.
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