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Les putschistes au Niger restent hermétiques aux médiations de la dernière chance tentées par leurs voisins et les Occidentaux.
Ils ont ainsi informé, mardi, une délégation conjointe de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), de l’Union africaine et des Nations Unies qu’elle ne pourrait finalement pas se rendre, comme il était convenu la veille, à Niamey. Un communiqué de la junte explique que « le contexte actuel de colère et de révolte des populations suite aux sanctions imposées » ne permet pas « d’accueillir ladite délégation dans la sérénité et la sécurité requises ».
Un nouveau camouflet pour la Cedeao
Une délégation de la Cedeao n’avait, déjà, pas été autorisée, jeudi dernier, à rencontrer le général Omar Tiani, le chef de la junte qui a, le 26 juillet, renversé le président Mohamad Bazoum démocratiquement élu en 2020. Ce deuxième camouflet infligé par la junte à la Cedeao, dont un sommet crucial est programmé jeudi dans la capitale du Nigeria, semble rétrécir encore un peu plus les espoirs d’un règlement diplomatique de la crise.
D’autant plus que la junte a notifié quasiment une fin de non recevoir aux propositions de médiation des Etats-Unis, puissance occidentale très impliquée, comme la France, au Niger où elle a installé sa principale base militaire en Afrique, forte d’un millier de soldats. Certes, la numéro deux du Département d’Etat, Victoria Nuland, a pu se rendre à Niamey mais elle n’a pu rencontrer que le nouveau chef d’Etat-major, Moussa Salaou Barmou. « Je ne dirais pas que cette offre de règlement de la crise « a été prise en compte de quelque manière que ce soit », a-t-elle commenté avant de repartir.
De son côté, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a affirmé mardi dans une interview à Radio France Internationale que son pays soutenait « les efforts de la Cedeao pour rétablir l’ordre constitutionnel ». Il a ajouté que la diplomatie restait le « moyen préférable pour résoudre cette situation », avant d’annoncer que «les Etats-Unis et d’autres pays allaient se retrouver dans une position où nous devons arrêter notre soutien au Niger ».
Un nouveau Premier ministre
Signe de la détermination des putschistes, ils ont nommé, mardi, un nouveau Premier ministre, Ali Mahaman Lamine Zeine, qui fut ministre des Finances de 2002 à 2010, année du renversement du président Mamadou Tandja lors d’un coup d’Etat. Economiste de formation, il a été représentant de la Banque africaine de développement (BAD) au Tchad, en Côte d’Ivoire et au Gabon.
La Cedeao, qui regroupe quinze pays représentant le tiers de la population africaine, avait lancé aux putschistes le 26 juillet un ultimatum qui a expiré dimanche soir : ils devaient rétablir Mohamad Bazoum faute de quoi ils s’exposeraient à une intervention militaire commune. La Cedeao a, d’ores et déjà, instauré des sanctions économiques, avec notamment l’interruption des livraisons d’électricité par le Nigeria.
Une intervention militaire serait très dangereuse
Une telle intervention serait sans précédent en Afrique, hormis une opération contre le président de la Gambie en 2017, avec, il est vrai, l’assentiment de l’armée gambienne. Elle serait toutefois très délicate sur le plan opérationnel, puisqu’impliquant les armées d’au moins quatre pays (Nigeria, Sénégal, Côte d’Ivoire, Bénin) qui n’ont jamais mené d’opérations de combat en commun et ne se sont même jamais entraînées ensemble.
Sur le plan juridique, il n’est pas clair si une organisation purement économique comme la Cedeao pourrait donner un mandat militaire à ses Etats membres. Et l’invocation du chapitre VII de l’ONU permettant un recours à la force en cas de menace sur la stabilité et la sécurité serait tirée par les cheveux, puisque le calme règne à Niamey et aux frontières.
Ce septième coup d’Etat en Afrique occidentale et centrale en trois ans sème l’inquiétude parmi les pays de la Cedeao et les Occidentaux. Ses réserves en uranium ainsi que sa position centrale dans la lutte contre les djihadistes sévissant au Sahel depuis une vingtaine d’années donnent au Niger un intérêt essentiel aux yeux des Etats-Unis, de l’Europe, de la Chine et de la Russie. Aucun Etat au monde n’a reconnu une légitimité aux putschistes, même si le Burkina Faso et le Mali, eux aussi dirigés par des militaires suite à des coups d’Etat, se considèrent comme alliés du nouveau régime nigérien.
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