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L’Arabie saoudite joue à son tour les bons offices dans la guerre en Ukraine. Après les offres de services ces derniers mois de la Chine, du Brésil et de la Turquie, sans effets probants hormis un peu pour Ankara, le royaume saoudien va héberger ce week-end un sommet consacré au conflit, dans la ville de Djeddah.
Un sommet de niveau modeste, puisque ce ne sont pas les chefs d’Etat et de gouvernement qui sont conviés mais seulement leurs conseillers pour les questions de diplomatie et de sécurité.
La présence de la Chine en suspens
Mais deux douzaines de pays seront représentées, dont l’Ukraine, l’Union européenne, la Turquie, le Japon et le Royaume-Uni, en sus des membres des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud)… à l’exclusion de l’agresseur russe.
La Chine n’avait toutefois pas encore confirmé sa participation, jeudi. Elle avait présenté en février dernier un plan de paix en douze points qui avait fait flop, car ouvertement pro Kremlin, hormis une allusion à la nécessité de respecter l’intégrité territoriale de chacun.
Pour l’instant, seule la Turquie, qui fournit des drones de combat à l’Ukraine mais entretient historiquement de bonnes relations avec Moscou, a réussi à s’imposer comme médiateur bénéficiant de la confiance des deux parties. Ce qui lui a permis de parrainer des échanges de prisonniers ou la signature d’un accord de sécurisation des cargos exportant du blé russe ou ukrainien de la mer Noire .
Accord dénoncé par le Kremlin mi-juillet mais qui a de sérieuses chances d’être rétabli dans une dizaine de jours, selon un échange téléphonique, mercredi, entre Vladimir Poutine et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan.
Une paix pour l’instant impossible
Riyad entretient aussi de bonnes relations avec Moscou, les deux pays étant respectivement numéro deux et trois mondial du pétrole (derrière les Etats-Unis) et alliés dans l’Opep + pour faire monter les prix de l’or noir, mais aussi, quoiqu’à un degré moindre, avec Kiev.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait fait une escale surprise en Arabie saoudite en mai dernier, lors du sommet de la Ligue arabe, sur le chemin de son voyage au Japon, où il était invité par les Occidentaux du G7. Il avait alors reproché à certains pays arabes de « fermer les yeux » sur l’action de Moscou. A cette occasion, le prince héritier Mohammed ben Salmane (« MBS ») avait proposé de jouer les médiateurs entre Kiev et Moscou.
Un sommet de format équivalent, mais où la Chine avait décliné l’invitation, avait eu lieu en juin à Copenhague. Mais aucun communiqué final n’avait pu être validé. Il s’agira ce week-end de préparer la voie à un sommet, cette fois, de chefs d’Etat et de gouvernement vers la fin de l’année pour tenter de valider un plan de paix.
Plan de paix en dix points
Le plan en dix points de Kiev prévoit l’évacuation des troupes russes de tous les territoires ukrainiens où ils sont déployés, la libération des prisonniers et la création d’un tribunal international pour juger les crimes de guerre russes.
Inutile de dire qu’il n’a, sauf défaite militaire incontestable de la Russie, aucune chance d’être accepté par Moscou. Ne serait-ce que parce qu’il reviendrait à annuler l’annexion, en septembre dernier, des quatre régions à moitié occupées par l’armée russe, ainsi que de la Crimée, rattachée en 2014. Cette annexion est inscrite désormais dans la Constitution russe. Elle n’a toutefois été reconnue par aucun pays au monde, hormis la Corée du Nord.
Le Sud global s’affiche neutre
L’objectif est aussi pour MBS de montrer qu’il boxe dans la cour des grands en matière de médiation diplomatique. Il se targue notamment d’une rare capacité à fédérer le « Sud global », les grands pays émergents, face à un conflit entre l’Ouest et le successeur de l’Est du temps de la guerre froide, à savoir Moscou. Riyad aspire à rejoindre officiellement le club des BRICS, qui deviendrait un contrepoids à l’Occident.
Le Sud global affiche aujourd’hui une position neutre, pour ne pas dire ambiguë. Inde, Afrique du Sud et Chine se sont, en effet, abstenus lors des trois votes à l’Onu qui ont condamné, à une majorité sans précédent de près de 170 membres (dont l’Arabie saoudite) sur 193, l’invasion russe et les annexions de régions ukrainiennes.
Ni sanctions ni armes
Le Brésil sous la présidence Bolsonaro a voté la résolution condamnant l’invasion en mars 2022 mais est plus ambigu sous la présidence Lula . S’ils désapprouvent l’invasion russe, Brésil, Chine et Inde jugent aussi partiellement responsable l’Ukraine, ou l’Otan.
Aucun de ces quatre grands émergents, comme à vrai dire la grande majorité des pays non occidentaux, n’a appliqué de sanctions économiques ou financières contre Moscou. En revanche, ils n’ont pas non plus livré d’armes lourdes au Kremlin, même si Washington avait repéré un cargo suspect dans un port sud-africain. De telles livraisons auraient nui gravement à leurs intérêts économiques en Occident et auraient ruiné le récit selon lequel ils ne mettent pas d’huile sur le feu.
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