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Débarqué du gouvernement lors du dernier remaniement, Pap Ndiaye estime que les attaques régulières venant de la droite et de l’extrême droite lui ont coûté son poste. Il reconnaît aussi ne pas « été suffisamment tacticien » pour se faire une place dans le jeu politique.
« Tristesse » et « déception », mais « aucune » amertume. Deux semaines après avoir été débarqué du gouvernement dans le cadre du remaniement, l’ancien ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye estime dans Le Monde que son éviction a été un « trophée de chasse » pour l’extrême droite et la droite mais reconnaît aussi qu’il n’a « pas été suffisamment tacticien » pour se faire sa place aux côtés de ministres habitués du jeu politique.
L’ancien ministre, 57 ans, désormais ambassadeur de la France au Conseil de l’Europe, a passé un an et deux mois rue de Grenelle, pour son premier poste politique après une prestigieuse carrière d’historien universitaire spécialisé dans l’étude de la place des personnes non-blanches en France et aux États-Unis, et des discriminations à leur égard. Il décrit ces mois comme les plus « âpres » de sa vie.
Un profil « insupportable pour l’extrême droite »
Dès son arrivée au ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, l’intellectuel « a fait l’objet d’attaques incessantes » confie au Monde son épouse, la sociologue Jeanne Lazarus. Droite et extrême droite lui intentent des procès en « wokisme », en « islamo-gauchisme » ou encore en « indigénisme », en lien avec ses prises de position pré-ministérielles. Une « avanie permanente » de « forces obscures », tance l’ex-ministre.
« Je suis identifié comme un homme de gauche, engagé sur les questions de l’antiracisme, de la lutte contre les discriminations, tout ce que l’extrême droite abhorre. Et je suis un homme noir. Ce facteur combiné aux deux autres est insupportable pour l’extrême droite », explique-t-il.
Cet engagement lui vaudra son seul réel épisode médiatique, lorsqu’il estime le 9 juillet sur Radio J que la chaîne CNews est « très clairement d’extrême droite ». Critiqué pour sa difficulté à imprimer dans l’opinion derrière un Emmanuel Macron omniprésent sur les questions d’éducation, Pap Ndiaye est cette fois au coeur du débat.
Il s’attire les foudres du RN et de LR, mais obtient le soutien de la gauche, qui a toujours plus retenu ses coups contre lui que contre son prédécesseur, Jean-Michel Blanquer, lui-même en croisade contre le « wokisme ». Problème: la séquence est ponctuée d’un long silence gêné au sein du gouvernement.
« Rien ne justifie de s’attaquer à un ministre », finit par répliquer quatre jours plus tard le président de la République en Conseil des ministres, invoquant « la liberté d’expression » de Pap Ndiaye.
Porte ouverte à la suite d’une carrière en politique
Les dés semblaient toutefois déjà jetés. L’historien est débarqué la semaine suivante, au profit de Gabriel Attal, un « pur politique », juge-t-il, plus conforme à la doctrine macroniste en matière d’éducation, dans laquelle l’accent est mis sur le retour aux « fondamentaux » et à « l’autorité ». Malgré cette éviction, il ne fait pas pour autant une croix sur sa carrière politique.
« J’ai besoin d’être en retrait, mais la vie est longue », explique l’homme de 57 ans.
« La seule question, c’est de savoir si, en politique, on peut aussi admettre les gens qui ne sont pas de purs professionnels », pose-t-il.
Dans l’immédiat, l’universitaire s’apprête à déménager à Strasbourg pour endosser pleinement son nouveau costume de représentant au Conseil de l’Europe. « Choisis », lui a dit le président de la République au moment de lui trouver un point de chute.
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