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Après plusieurs mois marqués par des problèmes financiers à répétition, la start-up française spécialisée dans la voiture à hydrogène vient d’annoncer son placement en redressement judiciaire.
La présentation en grande pompe de la berline à hydrogène Machina Vision au dernier Mondial de l’automobile semble lointaine pour Hopium. La start-up française a annoncé vendredi son placement en redressement judiciaire alors qu’elle fait face à d’importantes difficultés financières. Le tribunal de commerce de Paris a ouvert « une procédure de redressement judiciaire pour une période initiale de 6 mois (jusqu’au 19 janvier 2024), éventuellement renouvelable pour 6 mois », a précisé l’entreprise dans un communiqué.
Par conséquent, la cotation de la société a été suspendue jeudi, alors que l’action valait 90 centimes, en chute de plus de 87% depuis le début de l’année. Elle a repris vendredi et à 13h30, le cours avait encore chuté de 40% par rapport à la veille, avec une acion qui ne valait plus 54 centimes.
Dans un second communiqué publié vendredi, la start-up annonce avoir trouvé le moyen de se financer auprès d’Atlas Special Opportunities.
Cet apport d’argent frais « vise à permettre à la société de poursuivre son activité sur les 12 prochains mois et de développer sa pile à combustible » jusqu’à la réalisation d’un prototype, précise Hopium.
Souvent présentée dans les médias comme un « Tesla français », à cause de l’accent mis sur l’innovation et le haut de gamme, Hopium se retrouve finalement pied du mur. Pourtant, au cours des derniers mois, plusieurs indices pouvaient laisser deviner que le développement de l’entreprise serait confronté à d’importants obstacles de différentes natures.
Faible trésorerie et valse de dirigeants
Le 22 octobre dernier, la veille de la journée de clôture du Mondial de l’Automobile à Paris, Hopium annonçait un partenariat d’envergure avec CA Consumer Finance, la filiale spécialisée en crédit à la consommation du Crédit Agricole. Cette collaboration prévoyait la livraison de 10.000 berlines Machina pour une commande d’un montant de 1,2 milliard d’euros. De quoi rassurer sur le lancement de la production de voitures à hydrogène avec un horizon: à partir de 2025 dans une future usine implantée du côté de Vernon, en Normandie.
Puis l’euphorie est rapidement redescendue. Dès janvier dernier est évoquée une perte nette proche des 10 millions d’euros sur le premier semestre 2022, contre deux fois moins un an auparavant, avec une trésorerie qui avait chuté à 20.000 euros à la fin du mois de juin.
Le journal Les Echos fait également part de retard dans les versements des salaires durant l’automne et de paiements non honorés à l’encontre de fournisseurs. Hopium annonce alors qu’elle procède au tirage d’une deuxième tranche de 200 obligations convertibles en actions d’une valeur nominale de 10.000 euros chacune, dans le cadre de l’accord conclu avec la société Atlas Special Opportunities.
Les difficultés financières ont aussi des conséquences sur la réorganisation des équipes avec le départ de 35 salariés via une rupture conventionnelle collective. Au niveau de l’organigramme, Sylvain Laurent est nommé directeur général tandis que Philippe Baudillon arrive en tant que directeur général délégué. De son côté, Olivier Lombard devient le directeur général adjoint chargé du produit, six mois après avoir cédé sa place à la tête du conseil d’administration à l’ancien ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari… qui quittera lui-même le navire deux mois plus tard.
Le contexte économique, unique fautif?
Pour expliquer cette mauvaise passe, Hopium invoque le contexte économique qui perturbe la plupart des constructeurs automobiles à travers le monde. « Il y a des ressources et des composants dont les prix sont en hausse et qui impactent nos achats », nous expliquait en janvier un responsable de la start-up. « On reste un véhicule à fuel cell (NDLR: pile à combustible) mais on a les mêmes problématiques auxquelles font face tous les constructeurs automobiles sur les composants électroniques et certaines matières premières. »
« Il ne faut pas oublier que c’est un projet qui s’est lancé pendant le Covid, le conflit en Ukraine. C’est un contexte économique particulier et il y a des start-ups qui se cassent la gueule. »
Mais les difficultés financières de la start-up tiennent également à son coeur de métier: l’hydrogène, une technologie encore à l’état embryonnaire malgré les récentes annonces gouvernementales fortes pour la développer à l’échelle industrielle dans les prochaines années.
Experts et industriels restent divisés sur la place de l’hydrogène dans la décarbonation du secteur automobile. Toyota ou BMW y placent de grands espoirs, tandis que de nombreuses autres marques le réservent aux utilitaires, plus difficiles à convertir à l’électrique. Le pari sur une voiture à hydrogène haut de gamme semblait donc particulièrement ambitieux alors que les usages quotidiens autour de l’hydrogène doivent encore se développer sur le terrain automobile, ne serait-ce que via l’installation d’un réseau de bornes de recharge.
La voiture délaissée au profit de la pile à combustible
Au début du printemps, Hopium décide donc de mettre entre parenthèses son projet de berline à hydrogène pour se réorganiser autour de deux pôlers: d’une part Hopium Technologies pour développer sa technologie de pile à combustible à destination de nouveaux marchés industriels tels que l’aéronautique, le ferroviaire ou le maritime; et d’autre part Hopium Automotive consacré au développement de véhicules à hydrogène grand public.
Auprès des Echos, Sylvain Laurent mentionne alors des contacts avec CMA CGM ainsi que des nouveaux acteurs de l’aérien et espère ainsi vendre ces piles à combustible « peut-être dans des marchés avec moins de volumes mais plus importants en termes de valeurs ». Désormais en phase de tests, les piles à combustible vont profiter de la finalisation de l’usine normande avant la fin de l’année pour être commercialisées dès 2024, les premières livraisons étant envisagées pour 2025.
Pour l’entreprise, il est désormais indispensable de générer des revenus conséquents pour rester à flot après la publication début mai de mauvais résultats sur l’exercice 2022. L’année dernière, ses pertes s’élevaient ainsi à 23,9 millions d’euros -contre 8 millions en 2021-, liées notamment au recrutement de 116 nouveaux salariés, selon l’entreprise. Malgré plusieurs augmentations de capital l’année dernière pour un total de 4,1 millions d’euros, la société affichait au 31 décembre 2022 des capitaux propres négatifs (-10,4 millions d’euros) et une trésorerie elle aussi dans le rouge, à -1,3 million d’euros.
Alors que plus aucune date n’est aujourd’hui avancée pour la sortie de la berline Machina, la start-up française doit réussir à conclure « un ou plusieurs accords industriels ou financiers avec des partenaires capables d’accompagner Hopium dans une vision de moyen/long terme ». Elle mise également sur une « subvention dans le cadre de l’appel à projet ‘Auto Invest’ de France 2030 » afin d’obtenir des fonds supplémentaires.
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