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La nomination de l’économiste américaine à un haut poste de l’Union européenne a donné lieu à une passe d’armes entre Bruxelles et le gouvernement français. Pourquoi ce recrutement est-il si mal perçu en Europe?
C’est l’affaire qui secoue l’Union européenne et ses institutions depuis bientôt une semaine. Mardi, la Commission européenne annonçait la nomination de Fiona Scott Morton en tant que cheffe économiste de la Direction générale de la concurrence. Depuis, de nombreuses critiques se font entendre en Europe, et notamment au sein du gouvernement français qui appelle Bruxelles à revoir sa décision. Pourtant, l’exécutif européen semble bien décidé à maintenir l’experte américaine à ce poste.
Pour comprendre la colère et les crispations ressenties par de nombreuses personnalités politiques à l’annonce de sa nomination, il faut s’intéresser à la nature de la fonction que doit occuper Fiona Scott Morton à Bruxelles.
Un rôle-clé pour la régulation du marché de la Tech
Choisie comme cheffe économiste de la Direction générale de la concurrence de la Commission, elle sera à la tête d’une instance clé de l’exécutif européen. « Ce service de la Commission est responsable de la politique de l’UE en matière de concurrence et de l’application des règles européennes de concurrence, en coopération avec les autorités nationales compétentes », peut-on lire sur le site de la Commission. L’économiste devra ainsi conseiller Margrethe Vestager, la commissaire européenne de la concurrence.
Or, il y a un domaine où la DG de la concurrence doit régulièrement intervenir, celui de la « tech ». Cette instance de l’exécutif européen est en effet chargée, entreautres, d’enquêter sur les abus de position dominante des géants du numérique, qui ont donné lieu à des amendes record ces dernières années. Apple, Google, Microsoft, Meta (anciennement connu sous le nom de Facebook)… Tous ces géants américains ont été épinglés par Bruxelles pour abus de position dominante ces dernières années -ou pour des impôts non payés dans le cas de la firme à la pomme.
Un ex-consultante d’Apple et Amazon
La régulation du marché européen de la tech reste scrutée de très près par les autorités européennes, à l’image du rachat d’iRobot par Amazon sur lequel la Direction générale de la concurrence et sa nouvelle cheffe économiste devront se pencher. Mais voilà, si Fiona Scott Morton brille par ses diplômes et son expérience, quelques lignes sur son CV font particulièrement tiquer de ce côté de l’Atlantique.
Certes, cette économiste de 46 ans, qui a enseigné à la prestigieuse université de Yale, est passée par l’administration Obama. Entre mai 2011 et décembre 2012, elle y a occupé la fonction de responsable de l’analyse économique à la division antitrust du ministère américain de la Justice.
Mais l’Américaine a aussi été consultante pour… Apple et Amazon. C’est ce que le magazine American Prospect avait révélé en 2020. Plus récemment, l’experte a aussi conseillé Microsoft sur l’acquisition en cours de l’éditeur de jeux Activision, rapporte le Financial Times. Un accord d’ailleurs contesté par les régulateurs américain et britannique.
Le passé et la proximité de la quadragénaire avec les GAFAM interrogent donc sa propension à défendre les « bons » intérêts, à savoir ceux des acteurs européens, dans le cadre de l’exercice de ses nouvelles fonctions.
Critiques et incompréhension
Et certains dirigeants européens n’ont pas hésité à faire part de leurs inquiétudes, à l’image de Jean-Noël Barrot, le ministre délégué chargé de la Transition numérique, qui estime que cette nomination « n’est pas sans soulever des interrogations légitimes ».
Dans la foulée, le gouvernement français a demandé à Bruxelles de faire machine arrière.
« Cette nomination mérite d’être reconsidérée par la Commission », a lancé Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères, le même jour.
Une requête appuyée par les principales forces politiques du Parlement européen. Au sein de l’hémicycle, les chefs du groupe PPE (droite), l’Allemand Manfred Weber, du S&D (sociaux-démocrates), le Français Stéphane Séjourné et l’Espagnole Iratxe Garcia Perez, de Renew (centristes et libéraux), et le Belge Philippe Lamberts (Verts) ont également écrit à la Commission pour lui demander « d’annuler cette décision ».
« Des décennies d’expérience »
Mais ces responsables politiques se sont heurtés à un mur, Bruxelles campant sur ses positions et fermant la porte à tout retour en arrière.
« La décision a été prise. Nous ne voyons pas de raison de la reconsidérer », a déclaré avec fermeté la porte-parole de la Commission, Dana Spinant, ce vendredi.
Dans son communiqué annonçant la nomination de Fiona Scott Morton publié le 11 juillet, la commission européenne avait préféré souligner sa très bonne connaissance de l’écosystème numérique.
« Avec une formation universitaire de haut niveau et des décennies d’expérience en matière d’analyse économique et de politique de la concurrence, Fiona Scott Morton possède une connaissance approfondie de la dynamique des marchés et des cadres réglementaires », saluait Bruxelles.
Pour le moment, la Commission s’est refusée à justifier davantage son choix.
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