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Très discrets, les secrétaires d’État et autres ministres délégués se savent sur la sellette en vue du futur remaniement. Beaucoup estiment cependant ne pas avoir démérité et pestent après un exécutif qui ne leur laisserait pas d’espace politique.
« On a dix ministres de trop et au moins autant qui ne savent vraiment pas faire de la politique et qui restent totalement invisibles ». Ce constat signé d’un conseiller d’une secrétaire d’État méconnue du grand public résume à lui seul l’ambiance dans les allées du pouvoir.
Face aux rumeurs de remaniement qui agitent la macronie après une première année très difficile à l’Assemblée nationale, les profils choisis par Emmanuel Macron n’ont jamais vraiment réussi à imprimer.
Si les poids lourds devraient rester en place et que d’autres ont un avenir plus incertain comme Pap NDiaye, il en est tout autrement pour les plus méconnus d’entre eux comme les secrétaires d’État, en péril.
« On essaie d’exister, on fait le service après-vente de nos mesures. Mais on reste sur une visibilité légère. C’est dur mais ça fait partie du contrat quand vous n’êtes pas une tête d’affiche », reconnaît le proche d’une ministre déléguée auprès de BFMTV.com.
« Même le président ne nous connaît pas vraiment », s’agace cependant un autre. Il faut dire qu’en l’absence de ministère entier, les secrétaires d’État ne sont invités aux Conseils des ministres que lorsque leurs dossiers sont évoqués.
Dans un agenda politique dominé par la réforme des retraites pendant des mois, autant dire que certains d’entre eux n’ont guère eu l’occasion de se rendre à l’Élysée.
Le constat est d’autant plus dur à avaler pour les profils qui ne sont pas issus du sérail politique et qui jugent n’avoir jamais pu faire vraiment leurs preuves. Si quelques-uns sont d’anciens élus locaux, comme la secrétaire d’État à la ruralité Dominique Faure, longtemps élue à Toulouse ou la ministre déléguée à la Santé Agnès Firmin-Le Bodo en Seine-Maritime, la plupart n’ont jamais été élus sur leur nom.
« À un moment, le président voyait comme un atout les profils ni technos ni politicards. Et maintenant, on nous dit qu’on n’apprend pas assez vite, qu’on devrait tout maîtriser, de l’administration aux dossiers en passant par les médias en trois mois. Mais c’est impossible », avance une membre du gouvernement.
« On n’a pas appris à connaître Gabriel Attal en quelques jours non plus quand il est devenu ministre. Mais le temps politique s’accélère dramatiquement », regrette encore un lieutenant de la majorité.
Il faut dire qu’Élisabeth Borne n’a désormais de cesse de se présenter comme une Première ministre du « concret » qui défend désormais des réformes de la vie quotidienne, de l’accélération des délais de délivrance de la carte d’identité au remplacement de tous les professeurs absents dès la rentrée prochaine.
Autrement dit, Matignon attend des visages de l’exécutif la capacité à mettre leur administration sous pression pour aller très vite sur les résultats.
« Ça, vous savez le faire si vous avez un certain poids politique. Sinon, vos fonctionnaires vous baladent », résume cruellement un ex-secrétaire d’État sous Jean Castex.
Autre gros caillou dans la chaussure qui les empêchent de gagner en notoriété politique: des portefeuilles aux sujets aux intitulés franchement obscurs.
La secrétaire d’État Chrysoula Zacharopoulou s’occupe ainsi de « la francophonie » et des « partenariats internationaux » au Quai d’Orsay qui compte déjà la patronne de la diplomatie française, Catherine Colonna, une secrétaire d’État à l’Europe et un secrétaire d’État au commerce extérieur.
Certains contestent pourtant le diagnostic. « On doit pouvoir parler de tout, défendre nos sujets mais aussi d’autres, plus larges. Mais on n’a plus vraiment de bande passante quand on a un petit portefeuille », regrette un député, un temps conseiller ministériel.
Avec la majorité relative, beaucoup de macronistes soulignent que l’espace médiatique pour le gouvernement s’est réduit comme peau de chagrin.
« Avant, les trois quart de l’agenda politique dans les journaux, c’était le gouvernement. Maintenant, tout le monde est obsédé par le chaudron de l’Assemblée et forcément, ça laisse moins d’espace », remarque un habitué des ministères.
Et quand les secrétaires d’État défendent un sujet médiatique, le Président et la Première ministre n’hésitent plus à s’en emparer. C’est Emmanuel Macron en personne qui annonce une réforme du système de santé lors de ses vœux aux soignants en janvier dernier en lieu et place de son ministre François Braun et sa ministre déléguée Agnès Firmin-Le Bodo.
Rebelote dans les Hautes-Alpes en mars sur le plan eau qui devait être présenté par Christophe Béchu qui avait lui-même repris la main sur des annonces initialement prévues par Bérangère Couillard, sa secrétaire d’État.
« Je veux bien que Macron fasse savoir qu’on n’existe pas mais franchement, quand on nous pique notre travail et qu’on nous annule nos interviews parce que le président fait un discours le même jour, ce n’est pas sérieux », s’énerve un conseiller ministériel.
Dans une période très sensible, pas question pour le locataire de l’Élysée de se priver d’annonces consensuelles ou de se voir parasiter par une éventuelle sortie de route de l’un de ses ministres le jour d’une prise de parole. De quoi pousser l’exécutif à tout verrouiller et ne laisser aucune marge de manœuvre aux membres du gouvernement.
D’autres font contre mauvaise fortune bon cœur. En mai, c’est le chef de l’État en personne qui annonce la grande réforme du lycée professionnel, devant Carole Grandjean, la ministre déléguée en charge du dossier.
« Je suis ravie que le président porte ce sujet. C’est la première fois qu’un président en fait une priorité nationale. Cela donne beaucoup de visibilité à une thématique qui est restée longtemps sous les radars », nous explique-t-elle. De quoi espérer réussir à prolonger son bail ministériel.
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