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Quelques jours après l’attaque du Crocus City Hall à Moscou, le ministre turc de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, a annoncé l’arrestation de 147 individus suspectés d’appartenir au groupe Etat islamique. Parmi les quatre assaillants de l’attaque figurait un ressortissant tadjik ayant séjourné à Istanbul pas plus tard que le mois dernier, a fait savoir la presse russe.
Le terroriste présumé avait publié des clichés du quartier stambouliote d’Aksaray sur son compte Instagram le 23 février dernier. A l’issue de son interrogation par le FSB, ce dernier aurait affirmé être entré en Russie par la Turquie le 4 mars.
Une église attaquée en janvier
Une source sécuritaire citée par l’AFP a par la suite confié qu’au-delà de cet homme, au moins un autre des quatre suspects arrêtés à Moscou, lui aussi tadjik, avait séjourné en Turquie « pendant plusieurs semaines avant de retourner en Russie ». Mais si, selon cette source, les assaillants se sont radicalisés en Russie plutôt qu’en Turquie, le pays d’Atatürk n’est pas en reste quant à la menace présentée par l’Etat islamique Khorasan, ou l’EI-K, cette branche afghane de l’organisation djihadiste active en Afghanistan, au Pakistan et en Asie centrale.
Le 28 janvier dernier, déjà, cette même organisation revendiquait une attaque terroriste contre une église catholique italienne du nord d’Istanbul, faisant un mort et un blessé. Il s’agissait là encore d’un ressortissant tadjik, flanqué d’un complice de nationalité russe bien qu’également d’origine tadjike.
Installé dans la banlieue stambouliote, le premier des deux jouissait d’un titre de séjour et d’un permis de travail sur le sol turc. Il était issu de l’importante diaspora centrasiatique qu’abrite la mégapole turque et qui constitue un vivier de recrutement pour l’EI-K. Parmi les 34 suspects que les autorités turques avaient appréhendés dans la foulée de cette attaque, l’un d’eux était un Ouzbek qui aurait tenté d’établir un camp d’entraînement djihadiste dans une ferme d’Istanbul.
Base de repli d’ex-combattants
Sept mois plus tôt, en juin 2023, les services de renseignements turcs (MIT) avaient arrêté le Tadjik Shamil Hukumatov : une figure haut placée au sein de l’EI-K, responsable du financement de l’aile tadjike de l’organisation et chargée de recruter parmi les migrants d’Asie centrale.
Ces dernières années, la Turquie avait déjà été victime d’attaques terroristes commises par des Centrasiatiques au nom de l’EI. Comme en juin 2016, lorsque des assaillants originaires du Kirghizistan, d’Ouzbékistan et de la république autonome russe du Dagestan ont lancé une attaque kamikaze à l’aéroport Atatürk d’Istanbul. Ou encore le 1er janvier 2017, lorsqu’un Ouzbek avait ouvert le feu dans la boîte de nuit Reina sur les rives du Bosphore.
Au-delà de ces cellules centrasiatiques, la Turquie constitue une base de repli pour les ex-combattants de l’EI en Syrie et en Irak, notamment depuis les débâcles militaires de l’organisation en 2017 et la chute du « califat » en mars en 2019, lorsque de nombreux membres du groupe s’y sont retranchés. Depuis, les autorités turques mènent régulièrement des opérations contre des cellules de l’organisation dans le pays. Rien qu’entre le 1er juin 2023 et le 23 mars de cette année, elles auraient appréhendé 2.733 membres suspectés du groupe.
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