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« A la veille de l’invasion, nous avions 30 employées, 10 machines à tisser et un carnet de commandes rempli pour trois mois », se souvient Larysa Boden, une chef d’entreprise originaire de Kakhovka, petite ville de la région de Kherson capturée par les Russes dès le premier jour de l’invasion.
Copropriétaire de l’entreprise Agro Focus LLC, la plus grande exploitation d’asperges d’Ukraine, Boden s’est lancée en 2007 dans la production et la vente de tapis sur mesure, afin, initialement, de fournir un revenu régulier aux travailleuses saisonnières qu’elle employait. L’entreprise, baptisée « Vandra Rugs », est une initiative conjointe avec deux citoyennes suédoises Sia Attling et Maria Waddenberg Ulsson, et compte parmi ses clients la famille royale norvégienne.
Mais en février 2022, comme des milliers d’entrepreneurs ukrainiens, Boden est prise au dépourvu par l’invasion russe, et se voit contrainte de délocaliser l’entreprise à Kosiv, une ville située non loin de la frontière avec la Roumanie. « J’ai initialement songé à délocaliser la production vers la Moldavie, mais cela ne me paraissait pas être une bonne décision : je suis ukrainienne, et je souhaitais continuer de travailler en Ukraine. »
Exfiltration
Pendant plusieurs semaines, Boden et son mari se sont efforcés d’exfiltrer leurs employés, puis leurs métiers à tisser hors de Kakhovka occupée. Un processus coûteux, rendu d’autant plus difficile par l’arbitraire des forces d’occupation : « Il n’y avait pas de corridor humanitaire pour évacuer nos employés, nous avons été obligés de payer plusieurs centaines d’euros par personne pour qu’ils puissent passer par la Crimée , puis la Russie, et enfin la Lettonie. »
Selon le site opendatabot, près de 8.000 entreprises ukrainiennes auraient ainsi changé de région depuis le début de l’invasion. D’après un récent rapport de l’université d’économie de Kiev, 27,6 % des entreprises relocalisées auraient déjà retrouvé leur niveau d’activité d’avant février 2022, et 43,1 % devraient se rétablir complètement d’ici un an.
Programme d’aide
Afin de faciliter ce processus de délocalisation, le gouvernement ukrainien a mis en place un programme d’aide spécifique : à sa demande, une entreprise basée à proximité de la ligne de front peut ainsi bénéficier d’un soutien de l’Etat pour sélectionner un nouvel emplacement pour ses installations : effectuer le déménagement vers le nouveau site ; reloger ses employés et en recruter de nouveau ; et pour faciliter l’acquisition de matières premières et la recherche de nouveaux marchés.
Joint par « Les Echos », le ministère de l’Economie ukrainien assure que 842 entreprises auraient déjà bénéficié de ce programme, et 667 d’entre elles auraient déjà repris leurs activités. Pour l’essentiel, les bénéficiaires du programme se concentrent dans le secteur du commerce de gros et de détail.
Disparités régionales
« Nous n’avons rien reçu de la part du gouvernement, mais nous avons bénéficié d’un soutien extraordinaire de la communauté locale et des autorités de Kosiv », explique Boden. « Le maire de la ville nous a donné gratuitement des locaux, et nous avons également reçu des aides de plusieurs organisations internationales comme USAid ou le Danish Refugee Council. »
En dépit de la guerre, l’entreprise Vandra Rugs emploie désormais une cinquantaine de femmes, et le carnet de commandes ne désemplit pas. Mais la délocalisation de plusieurs milliers d’entreprises pourrait, à terme, creuser les disparités économiques régionales, alors que les destructions liées à l’invasion se concentrent dans le Sud et l’Est du pays : selon le rapport de l’université d’économie de Kiev, seules 19 % des entreprises interrogées déclarent avoir l’intention de retourner à terme dans leur région d’origine.
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