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Publié le 21 janv. 2024 à 10:00
Alerte rouge pour la marine marchande. Après leurs premières attaques en soutien au Hamas en novembre dernier, les rebelles houthis du Yémen sont en train de déstabiliser le commerce mondial, en multipliant les assauts contre les cargos, vraquiers et autres tankers en mer Rouge et dans le golfe d’Aden.
La tension est encore montée d’un cran sur cette route clé pour les échanges entre l’Europe et l’Asie, qui voit transiter 12 % du transport maritime mondial, selon la Chambre internationale de la marine marchande (ICS). Depuis les frappes aériennes menées à partir du 11 janvier par les Etats-Unis et le Royaume-Uni pour sécuriser la zone, les navires ayant des liens avec ces deux pays sont devenus des cibles prioritaires, comme le sont ceux liés à Israël .
700.000 dollars de prime pour un bateau
Certains assureurs cherchent à exclure ces bateaux, lorsqu’ils délivrent une couverture pour des voyages dans la région, selon le courtier Marsh McLennan. Et pour tous les autres pavillons, le prix des couvertures a bondi.
« Il n’y a pas encore de problème de capacités d’assurance comme c’est le cas en Ukraine, mais les taux peuvent s’envoler du jour au lendemain en fonction de l’actualité et ne sont pas nécessairement rationnels : le facteur « chance » reste important en matière de risques de guerre », explique Gilles Legué, responsable maritime et transport chez Marsh McLennan France.
Entre la fin d’année et jeudi dernier, le taux de prime est passé d’environ « 0,025 % de la valeur des navires à « 0,5 %-0,7 % » pour un droit de passage de sept jours, ajoute le spécialiste. Cela représente une prime de 700.000 dollars pour sept jours, pour un bateau valant 100 millions de dollars.
« S’y ajoute désormais une surprime sur les marchandises, aux alentours de 0,2 % appliquée sur leur valeur, une pratique qui n’existait pas avant Noël, précise Gilles Legué. Encore une fois, la situation reste très volatile et ces taux sont amenés à changer très rapidement ».
Les armateurs sont dans une situation d’autant plus incertaine que le prix des couvertures est fixé seulement 48 heures avant la traversée de la région. Un petit nombre d’assureurs spécialisés se partagent ce marché de niche : le syndicat du Lloyd’s à Londres, le Garex en France ou Hellenic War Risks en Grèce.
Quasi-doublement des tarifs de fret
Les armateurs français passent encore par la mer Rouge, malgré des tirs début janvier sur un cargo CMA-CGM. Certains navires de la compagnie marseillaise continueront à emprunter cette route, dite du canal de Suez, lorsqu’ils peuvent être accompagnés par un vaisseau de guerre français, a déclaré vendredi son PDG Rodolphe Saadé au « Financial Times ».
Le dirigeant prédit des perturbations pendant « plusieurs mois encore ». De nombreux équipages contournent déjà l’Afrique pour éviter la zone de conflit. Mais la route du cap de Bonne-Espérance est beaucoup plus longue et coûteuse en carburant. Mi-janvier, CMA CGM avait annoncé en conséquence un quasi-doublement de ses tarifs de fret.
« Les changements d’itinéraire et la flambée des coûts d’assurance se répercuteront in fine sur les consommateurs finaux », anticipe Gilles Légué. De quoi nourrir à nouveau l’inflation, au moment où elle semblait ralentir.
Risques d’approvisionnement
La crise en mer Rouge, s’ajoutant à la sécheresse au Panama qui limite le trafic maritime mondial, pèse aussi sur les chaînes d’approvisionnement. Le constructeur automobile Tesla va ainsi mettre son usine allemande à l’arrêt pendant deux semaines, faute de composants.
A l’échelle de la planète, les interruptions d’activité restent le deuxième principal risque pour les entreprises en 2024 (derrière les incidents cyber), selon le dernier baromètre annuel d’Allianz, qui a sondé plus de 3.000 experts en octobre et novembre derniers.
Les risques politiques et la violence montent, eux, de la dixième à la huitième place de ce panorama. « Sans surprise, compte tenu des conflits au Moyen-Orient et en Ukraine , ainsi que des tensions entre la Chine et les Etats-Unis », explique l’assureur allemand. Ce contexte géopolitique « incertain et volatil est selon lui « une source de risque de plus en plus importante pour les chaînes d’approvisionnement et le commerce international ».
Le Guyana en zone grise
Sur la carte des assureurs, une nouvelle zone de non-droit est apparue le mois dernier : le Guyana. Le Venezuela a menacé d’annexer une partie de son voisin riche en minerais et en pétrole offshore. Si les deux pays se sont engagés mi-décembre à ne pas recourir à la force l’un contre l’autre, la tension demeure. Les navires qui transitent au large de ce petit pays d’Amérique du Sud ne sont plus couverts contre le risque de guerre et sont donc sujets à des surprimes. Le Joint War Committee des assureurs londoniens craint des confiscations de bateaux, orchestrées par le Venezuela.
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