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(BFM Bourse) – Le constructeur automobile prévoit toujours de coter à part cette division prometteuse. Mais des risques de cannibalisation avec l’action Renault existent et le contexte de marché pourrait être peu propice pour cristalliser pleinement la valeur de cet actif.
C’est peut-être le projet de Renault qui concentre le plus l’attention du marché. Le groupe au losange a récemment confirmé son projet qui consiste à ségréger les comptes d’Ampere, sa future filiale dédiée aux véhicules électriques et au software (logiciels embarqués), en vue d’une cotation en Bourse.
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Jeudi, le directeur financier, Thierry Piéton, a expliqué que la société avait sondé les investisseurs sur cette initiative et que les retours confirmaient à la fois la nécessité de créer Ampere ainsi que l’appétit du marché pour cette possibilité d’investissement. Le dirigeant ajoutait que le constructeur cherchait « la fenêtre de tir la plus favorable » pour réaliser l’introduction en Bourse . Cette fenêtre devrait « le plus probablement » survenir au premier semestre 2024, poursuivait-il. Le groupe indiquait précédemment vouloir effectuer cette introduction à partir « de la fin 2023 ».
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Quelle valorisation?
Evoquée puis confirmée l’année dernière, notamment lors de la journée dédiée aux investisseurs de novembre, cette opération possède une logique claire et habituelle en Bourse. Le marché a souvent tendance à préférer des activités cotées à part. Introduire en Bourse Ampere doit ainsi permettre de cristalliser de la valeur. Renault n’a jamais donné d’objectif de valorisation cible pour sa future filiale, mais pourrait en dire davantage lors d’une journée investisseurs dédiée à Ampere et prévue au second semestre 2023.
Des indiscrétions de la part des agences de presse Reuters et Bloomberg ont toutefois fait état d’une valorisation potentielle autour de 10 milliards d’euros. Bernstein calcule de son côté une valeur d’entreprise (donc dette et trésorerie incluses) allant de 20 milliards à 30 milliards d’euros, en appliquant un multiple de deux à trois fois les ventes attendues à horizon 2025 (d’un peu moins de 10 milliards d’euros en 2025, selon les projections du bureau d’études). Mais Barclays s’avère, à l’inverse, bien plus prudente, jugeant « globalement appropriée » une valorisation de seulement 5 milliards d’euros.
La question du flottant
Au-delà de ces questions de montants, est-ce que cette opération s’avère totalement opportune pour l’avenir de Renault et d’Ampere? Ségréger les comptes est assurément une bonne idée dans le sens où cela permet de donner au marché des indications sur les performances des activités électriques de Renault. L’introduction en Bourse, elle, comporte son lot de risques qui ne doivent pas être sous-estimés. « Avons-nous vraiment besoin d’une introduction en Bourse? », s’interrogeait la semaine dernière Bernstein, qui a néanmoins un conseil à « surperformance » sur le groupe.
Le flottant peut constituer une source d’interrogations. L’équipementier automobile Faurecia, avant de voir PSA sortir du capital (via une distribution à ses actionnaires) à la suite de la fusion avec Fiat Chrysler pour donner naissance à Stellantis, pâtissait d’une décote de liquidité sur le marché en raison d’un flottant limité.
Sur ce point Renault compte conserver « une majorité forte » au capital d’Ampere. L’allié japonais du groupe au losange Nissan compte, lui, prendre jusqu’à 15%. De plus, le groupe de technologies américain Qualcomm ainsi que Mitsubishi, le troisième membre de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, entendent également investir. A supposer que leurs participations se situent entre 2% et 5%, le flottant pourrait s’échelonner dans une fourchette comprise entre 20% et 30%. Le directeur général de Renault, Luca de Meo a plusieurs fois indiqué que le groupe connaissait les règles du jeu sur ce point et comptait laisser un flottant suffisant aux investisseurs. « Le flottant minimum se situe probablement autour de 20% », considère Michael Foundoukidis, analyste chez Oddo BHF.
Il convient de souligner qu’un flottant restreint n’empêche pas forcément la bonne tenue d’une introduction en Bourse. Le succès de la cotation de Porsche, filiale de Volkswagen, l’a bien démontré à l’automne dernier. A l’inverse, l’introduction en Bourse de Traton, constructeur de camions appartenant lui aussi à Volkswagen, n’avait pas été un franc succès en 2019. Le flottant ne représentait alors qu’environ 11,5% du capital.
Risque de cannibalisation?
Un autre risque entoure la cotation d’Ampere: celui d’une cannibalisation, c’est-à-dire que les investisseurs arbitrent les deux actions en vendant les titres Renault pour acheter ceux d’Ampere. Ce phénomène s’était observé lors de l’introduction de Porsche par Volkswagen, avec la baisse de l’action du constructeur automobile « mass market » alors que sa filiale très haut de gamme a connu des premiers pas boursiers tonitruants (le cours de Porsche évolue actuellement 30% au-dessus de son prix d’introduction, en octobre).
« L’introduction en Bourse n’est pas forcément une bonne idée, on voit bien que la cristallisation de la valeur se fait dans la ‘newco’ (la société nouvellement cotée, NDLR) et pas au niveau de la holding (la maison-mère) voire à son détriment », souligne un analyste.
Interrogé lors de l’assemblée générale de Renault en mai sur ce point précis, le directeur financier du groupe, Thierry Piéton, avait expliqué qu’en créant une « franchise dédiée à l’électrique, la plus performante possible, avec toutes les chances du point de vue des ressources » – et donc en faisant appel au marché – le groupe préserverait le bilan de Renault, et ne tirerait ainsi pas sur ses réserves de liquidités. « L’avantage pour l’actionnaire de Renault c’est qu’en faisant ceci nous permettrons à Ampere de se développer plus facilement, de croître plus rapidement, de développer plus de produits, de mieux intégrer la chaîne de valeur. Donc en fait si je suis l’actionnaire de Renault je dois voir l’IPO (introduction en Bourse, NDLR) potentielle d’Ampere comme un levier qui va améliorer la performance du groupe et donc de Renault dans son ensemble », détaillait le dirigeant.
Pour rendre son propos concret, Thierry Piéton déclarait « qu’il valait mieux être actionnaire à 75% de quelque chose qui fait 2 milliards d’euros que d’être actionnaire à 100% de quelque chose qui fait 0,5 milliard à 1 milliard d’euros », précisant toutefois que ces chiffres étaient pris « au hasard », juste pour l’illustration.
Un contexte pas forcément évident
Au-delà de ces considérations techniques, il reste le contexte de marché. « Le timing est difficile, tout le monde a à l’esprit que Tesla n’hésite pas à couper ses prix et sacrifier ses marges pour chasser des parts de marché et, de plus, que de nombreux groupes chinois comme MG (filiale de SAIC, NDLR) et BYD ont lancé une offensive sur l’électrique avec des prix très bas, prenant là aussi des parts de marché », fait valoir l’analyste anonyme précédemment mentionné. « Ce n’est pas forcément un environnement propice à une IPO dans le véhicule électrique », ajoute-t-il.
« L’appétit des investisseurs pour les entreprises spécialisées dans les véhicules électriques a diminué ces derniers mois, ce qui met la pression sur la direction (de Renault, NDLR) pour qu’elle explique en quoi le cas d’investissement d’Ampere est différent », a écrit de son côté Philippe Houchois, analyste chez Jefferies, dans une note datée du 20 mars et citée par Bloomberg.
« Nous nous inquiétons du fait que le projet d’introduction en Bourse d’Ampere a été établi il y a plusieurs années dans un climat très différent, et nous encourageons l’équipe Renault à réexaminer ses projets compte tenu des développements actuels et de l’absence de succès en matière de valorisations pour d’autres spin-offs dans le secteur », ont pour leur part prévenu les analystes de Bernstein, dans une note publiée la semaine dernière.
Michael Foundoukidis se montre plus nuancé. « L’introduction en Bourse d’Ampere n’est pas gagnée d’avance, en raison de la concurrence avec les groupes chinois dans l’électrique notamment. Mais en effectuant cette introduction au premier semestre 2024 et non fin 2023 (comme le groupe semble donc le prévoir, NDLR), Renault offrirait probablement une plus grande visibilité au marché », explique l’analyste d’Oddo BHF.
« Le groupe réduirait le délai en termes de calendrier par rapport à l’équilibre financier visé sur Ampere (2025 sur la marge et le cash-flow, NDLR). Et l’opération pourrait alors s’appuyer sur les lancements, prévus en début d’année, de deux modèles électriques clés, à savoir la nouvelle Scenic et la Renault 5 », complète-t-il.
Il convient également de rappeler que le groupe au losange a toujours assuré qu’il serait attentif aux conditions de marché, n’excluant pas de reporter l’introduction en Bourse si ces conditions n’étaient pas réunies. Mais de là à l’abandonner totalement? Barclays estimait en tout cas fin mai que la société pourrait renoncer à cette opération si la valorisation d’Ampere ne dépassait pas 5 milliards d’euros.
Julien Marion – ©2023 BFM Bourse
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