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Publié le 12 janv. 2024 à 14:42Mis à jour le 12 janv. 2024 à 14:43
La guerre ou la paix. A vous de choisir. Pékin n’y est pas allé par quatre chemins pour dramatiser et peser sur le scrutin visant à élire, samedi à Taïwan, le président et les 113 députés du Yuan législatif (le Parlement de Taïwan). Quelque 19 millions d’électeurs taïwanais sont appelés aux urnes pour choisir le successeur de la présidente actuelle, Tsai Ing-wen, issue du Parti démocrate progressiste (DPP en anglais), bête noire de Pékin depuis son arrivée au pouvoir il y a huit ans et dont la Constitution lui interdit de briguer un troisième mandat.
Les élections seront particulièrement scrutées par la Chine et les Etats-Unis, dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes et d’intimidations militaires désormais quasi quotidiennes de Pékin dans le détroit. Bien que le Parti communiste chinois n’ait jamais dirigé Taïwan, la Chine de Xi Jinping revendique l’archipel de 24 millions d’habitants, martelant que la « réunification » est « inévitable » et qu’elle sera réalisée de gré ou de force. Aux Etats-Unis, où la présidentielle de novembre sera également déterminante pour l’avenir de l’île et la stabilité dans la région, le président Joe Biden a déclaré à plusieurs reprises que l’Amérique défendrait Taïwan en cas d’attaque chinoise et livrerait des armes à Taïwan.
Incarnant la continuité, Lai Ching-te donné favori
Alors que le vainqueur de la présidentielle (à un tour) donnera le tempo des relations futures entre la Chine, Taïwan et les Etats-Unis, trois hommes s’affrontent pour la fonction suprême.
Incarnant la continuité, l’actuel vice-président, Lai Ching-te (William Lai en anglais), est donné favori. Ouvertement méprisé par Pékin, qui l’a qualifié de « véritable fauteur de troubles » et de « grave danger », le candidat du DPP a fait la course en tête durant toute la campagne.
Son principal adversaire est Hou Yu-ih du Kuomintang (KMT), parti d’opposition favorable à réchauffement des relations avec la Chine.
Se présentant comme une alternative centriste entre le DPP et le KMT, le Parti du peuple taïwanais (TPP) créé en 2019 par l’ancien maire de Taipei, Ko Wen-je, est venu perturber l’affrontement classique entre les deux principaux partis de la jeune démocratie taïwanaise (la première présidentielle remonte à 1996). Adulé par une partie de la jeunesse, Ko Wen-Je a perdu des plumes dans les sondages après avoir tenté – vainement – de faire un ticket avec le candidat du KMT, mais son parti pourrait jouer un rôle clé au Parlement.
Alors que Pékin multiplie les manoeuvres militaires dans le détroit, la question de la relation avec la Chine a dominé les débats, même si les enjeux socio-économiques (pouvoir d’achat, immobilier, éducation, etc.) n’ont pas été écartés. Face à la Chine, les trois candidats promettent de maintenir le fragile statu quo actuel. Le DPP a abandonné depuis plusieurs années sa revendication en faveur de l’indépendance (véritable déclaration de guerre aux yeux de Pékin), considérant que Taïwan était de facto indépendant. De son côté, le KMT ne plaide plus pour une unification, une revendication passée sous le tapis depuis la reprise en main brutale de Hong Kong. Des positions qui collent aux aspirations des Taïwanais, dont seule une fraction très minoritaire plaide pour l’indépendance ou pour l’unification.
Gérer le statu quo
« Le véritable clivage politique est sur la façon dont on gère le statu quo et dont on garantit la paix aux Taïwanais », explique Frank Muyard, responsable du Centre de Taipei de l’Ecole française d’Extrême-Orient. Dans la bataille des slogans, le KMT (à l’unisson de Pékin) présente le vote comme un choix entre la paix qu’il garantirait et la guerre dans laquelle emmènerait un maintien au pouvoir du DPP.
« Lorsque le détroit de Taïwan est stable, Taïwan est en sécurité et le monde peut être à l’aise », a fait valoir Hou Yu-ih ce jeudi. Et le candidat du DPP, Lai Ching-te, de contre-attaquer en faisant du scrutin un choix entre la démocratie (qu’il garantirait) et l’autoritarisme (vers quoi emmènerait le KMT en se rapprochant de la Chine). « La paix sans la souveraineté, c’est juste comme Hong Kong. C’est une fausse paix », a averti Lai Ching-te mardi devant la presse étrangère.
Les deux principaux partis promettant la paix et la démocratie, le clivage se joue en réalité davantage sur le rapport entre l’île et le reste du monde pour préserver le statu quo. « Le DPP considère que Taïwan doit se désengager économiquement de la Chine et se rapprocher sur le plan politique et sécuritaire des Etats-Unis, analyse Jean-Yves Heurtebise, maître de conférences à l’université catholique FuJen de Taipei. Inversement, le KMT estime qu’un apaisement dans le détroit ne peut passer que par un rapprochement avec la Chine, même s’il rejette le système politique ‘un pays, deux systèmes’ avancé par Pékin ».
Une potentielle nouvelle victoire du DPP à la présidentielle devrait naturellement mécontenter Pékin. Mais Lai Ching-te risque, s’il est élu, de voir son influence bridée par les résultats aux législatives. Les sondages ne donnent pas de majorité absolue au DPP, ce qui pourrait empêcher l’exécutif, assez critiqué sur les questions socio-économiques, de déployer pleinement son agenda. « Le DPP pâtit d’un effet d’usure, notamment chez les jeunes dont la participation sera un des enjeux du scrutin », prévient Frank Muyard.
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