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Vendredi 5 janvier 2024, les 171 passagers d’un vol intérieur aux États-Unis ont vécu une expérience terrifiante. Alors qu’ils circulaient à 5000 mètres d’altitude, une portion de leur avion s’est envolée.
« Je vais mourir ». Cette pensée a traversé l’esprit de Vi Nguyen, 22 ans, assise le 5 janvier dernier dans son Boeing 737 MAX. Ce qui devait n’être qu’un vol de routine de deux heures s’est finalement transformé en cauchemar, 5000 mètres au-dessus du sol. Vingt minutes d’angoisse pour 171 passagers face au vide.
Avant le départ, rien n’avait laissé présager un tel chaos. L’appareil censé relier Portland dans l’Oregon à Ontario en Californie était -littéralement- flambant neuf. Ce nouvel avion de la flotte de la compagnie Alaska Airlines n’avait commencé à opérer qu’en octobre 2023.
Hormis un léger retard au décollage, engendré par une rapide opération de dégivrage, le vol 1282 s’est élancé. C’est très précisément à 17h06 que l’appareil a quitté la piste et démarré sa lente ascension vers son altitude de croisière.
Une ascension ponctuée d’alertes mineures constatées par les pilotes à propos d’une baisse de pression dans la cabine. D’alertes mineures? Une porte de secours s’est détachée subitement de l’appareil. À sa place, un trou de plus d’un mètre de large donnant directement vue sur le vide.
Explosion, panique « en silence »
Quel bruit fait l’arrachage d’une porte d’un avion filant à plusieurs centaines de kilomètres à l’heure? Le New York Times a pu recueillir les témoignages de dizaines de participants. Certains évoquent une « explosion ». D’autres n’ont rien entendu du tout.
« Je ne l’ai pas remarqué avant que les masques à oxygène ne tombent », se souvient Kyle Rinker, l’un des passagers interrogé par la presse américaine.
Chaos et confusion ont très rapidement rempli l’habitacle. Seules les personnes à l’arrière ont pu voir de leurs yeux la situation. À l’avant, l’incompréhension règne.
Nicholas Hoch, un passager assis à l’avant de l’appareil raconte avoir tenté de rester calme alors que la panique gagnait les rangées. Sans savoir quoi, il savait que quelque chose n’allait pas. Dans la panique, il s’est saisi de son téléphone pour écrire à sa mère et à sa petite amie un dernier message. « Je vous aime ».
Après coup, il a précisé qu’en dépit de la situation, tout le monde était « étrangement calme », en apparence. Impuissants, les passagers « paniquaient en silence ».
« La première chose à laquelle j’ai pensé, c’est: ‘Je vais mourir' », a raconté Vi Nguyen, 22 ans. Au moment fatidique, cette voyageuse a saisi son téléphone et filmé la scène.
« Quand tu te réveilles d’une sieste dans l’avion en croyant à des turbulences… Alors qu’un morceau de l’avion s’est barré dans les airs », raconte-t-elle dans une vidéo humoristique partagée sur TikTok. Une vidéo aimée près de deux millions de fois et accompagnée d’une musique, Funny de Gold-Tiger.
« J’étais terrifiée »
Cette vidéo, filmée à peine quelques instants après l’incident, ne retransmet pas le bref moment d’hystérie provoqué par l’appel d’air initial. Heureusement, personne n’était assis devant la porte arrachée. Une chance au regard du sort des personnes installées à peine un rang devant.
L’appel d’air a attiré un adolescent de quinze ans, dont la mère s’est débattue pour qu’il ne soit pas aspiré dans le vide, comme l’a raconté Faye (prénom modifié) au Seattle Times:
« Lui et son siège ont été tirés vers (…) l’extérieur de l’avion, en direction du trou. J’ai tendu la main, j’ai attrapé son corps et je l’ai tiré vers moi par-dessus l’accoudoir ».
Une action dopée par un shoot d’adrénaline « comme je n’en ai jamais connu dans ma vie » se souvient-elle. « Bien sûr, j’étais terrifiée. Mais je suis une mère. Et cette terreur ne vous vient pas à l’esprit lorsque vous regardez votre enfant à côté d’un trou dans un avion ».
De l’autre côté de l’appareil, à l’avant, les pilotes gardent la tête froide. Un enregistrement rendu public atteste de la maîtrise de l’équipage, en dépit des circonstances.
« Nous aimerions descendre si c’est possible? (…) Oui, c’est une urgence. Nous avons été dépressurisés, nous avons besoin de descendre, nous transportons 171 passagers », a demandé avec calme et résolution la pilote à la tour de contrôle.
Après avoir obtenu le feu vert, l’avion est retourné sur le tarmac, seulement 20 minutes après en être parti. Un atterrissage en douceur accompagné d’applaudissements et de soupirs de soulagement.
Crise au sol
Les passagers ont été accueillis au sol par une nuée de gyrophares, plusieurs véhicules de secours se sont précipités pour accueillir les éventuelles victimes de l’accident. Hormis des blessés légers, le pire a été évité. Le bilan aurait pu être bien pire si les deux places situées devant la fenêtre avaient été occupées.
« Ça aurait pu tourner à la catastrophe », estime Jean Serrat, le consultant aéronautique de BFMTV.
Cet événement laisse sous le choc les passagers, mais pas que. Il a rouvert les vieilles blessures des précédentes « Affaires Boeing 737 MAX ». Un an à peine après sa mise sur le marché, deux avions se sont crashés à six mois d’écart à peine, les 28 octobre 2018 et 10 mars 2019. Deux drames ayant fait 346 morts. La faute à un logiciel de pilotage défectueux.
Ce nouvel épisode, l’énième d’une série noire, a fait plonger en piquet la valorisation boursière du constructeur américain. En quelques heures, la valeur de l’entreprise avoisinant les 140 milliards de dollars a fondu de 10%.
Boeing n’est pas seul dans la tourmente. La compagnie Alaska Airlines est aussi sous le feu des critiques. Rapidement, elle a fait le choix de clouer au sol sa flotte de 65 Boeing 737Max, le temps que chaque avion fasse l’objet « d’inspections complètes de maintenance de sécurité ».
Des mesures qui, aux yeux des passagers, n’éclipsent pas leur responsabilité dans cet accident. Les premiers éléments de l’enquête menée par l’agence de sécurité du transport aérien ont révélé que la compagnie a ignoré trois précédentes alertes au sein de l’appareil défectueux. L’indicateur d’un problème de dépressurisation s’était allumé les 7 décembre, 3 janvier et 4 janvier derniers, deux fois avant le jour de l’accident.
La compagnie assure que ces incidents ont été « entièrement évalués et résolus conformément aux procédures de maintenance approuvées », mais a également indiqué que « par excès de prudence », cet appareil avait eu l’interdiction de voler pour de longues distances au-dessus de l’eau.
Une enquête mandatée par l’aviation civile a aussi permis de découvrir que les panneaux couvrant ces portes étaient mal fixés, « des boulons qui nécessitaient d’être resserrés » ont été observés par diverses compagnies, dont l’Alaska Airlines.
L’enquête poursuit son cours. Des investigations freinées par un oubli non sans conséquences: les discussions à l’intérieur du cockpit n’ont pas été enregistrées. Mais d’autres éléments seront à la disposition des enquêteurs. Plus spécifiquement: la porte.
Bob, un professeur résidant à Portland, a retrouvé ce morceau de la carlingue en plein milieu de son jardin. Malgré sa chute, la pièce est vraisemblablement intacte:
« Les arbres ont amorti la chute, comme le ferait un airbag. Donc [la porte] n’a pas frappé le sol très fort », expliquait le 8 janvier celui qui se dit « content » que le morceau ne soit pas tombé sur sa maison.
Un autre objet trouvé, tombé du ciel, a été retrouvé: un iPhone aspiré et retrouvé presque intact au bord d’une route, après sa chute de 5000 mètres. Un appareil retrouvé en mode avion.
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