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Publié le 9 janv. 2024 à 9:00
Au tournant des XIXe et XXe siècles, l’investisseur bipède se prit de passion pour le vélo, un placement très rentable. Pratique, ce moyen de locomotion prit son essor dans une époque et une société éprise de libertés (économiques, politiques) et d’individualisme. Pour les femmes, ce fut un moyen d’émancipation à une époque où leurs droits étaient restreints.
Le vélo bénéficia d’une série d’innovations comme la chambre à air (1888) et d’améliorations techniques (cadre triangulaire, roulement à billes) qui le rendirent plus sûr. Plus de 4.000 brevets furent déposés en 1896. Il se produisit alors une explosion de la production de bicyclettes afin de répondre à la forte demande. Plus de 4 % des Anglais et Anglaises, soit 1,5 million de personnes roulaient à bicyclette en 1896, alors que ne roulaient sur les routes britanniques que quelques automobiles importées.
Comme toutes les innovations, le vélo fit la fortune des spéculateurs avisés, et la ruine de ceux qui prirent trop tard « le train en marche » et oublièrent de descendre à temps, avant le krach. Le Royaume-Uni connut une envolée du nombre d’entreprises fabricant des vélos à partir de 1895. Certaines décidèrent d’entrer à la Bourse de Londres pour financer leur développement. Des entrepreneurs, financiers, membres des classes moyennes et de l’aristocratie investirent alors dans des sociétés comme le fabricant de pneumatiques Dunlop, qu’ils croyaient promises à un avenir radieux.
Ce fut le cas au début. Les cours de Bourse des fabricants de vélo furent multipliés par plus de 3 en 1896, avant de perdre les trois quarts de leur valeur deux ans plus tard, constate une étude (1) de William Quinn et John Turner de la Queen’s University de Belfast. Un krach très « démocratique » : il ruina autant les petits que les grands, les néophytes que les avertis.
Les gentlemen aisés qui habitaient notamment à proximité de la bourse furent parmi les plus grands perdants. Une euphorie spéculative liée à leur fréquentation assidue des pubs et restaurants de la City où les courtiers et spéculateurs se réunissaient ? Les gentlemen ont, en tout cas, continué d’acheter en pleine déroute boursière en croyant faire de bonnes affaires.
Sortie de route
Les journaux comme le « Financial Times » et « The Economist » tentèrent de rappeler à la raison les petits porteurs en quête de fortune rapide. Ils les avertirent sur le manque de « liquidité » des valeurs bicyclettes : peu de titres étaient disponibles pour être achetés ou vendus. En cas de retournement du marché, la chute des cours n’en serait que plus forte.
Sur 141 « valeurs bicyclettes », cotées à Londres près de 9 sur 10 firent faillite ou furent rachetés avant 1900. Cette hécatombe boursière rappelle la débâcle des compagnies de chemin de fer en 1845-1850 au Royaume-Uni. Les fabricants de vélos ou pneumatiques versèrent peu de dividendes avant leur disparition. Les survivants commencèrent alors à s’intéresser et à investir dans une nouvelle technologie prometteuse, les moteurs de voiture.
(1) « Riding the bubble or taken for a ride ? Investors in the British Bicycle mania »
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