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Publié le 3 janv. 2024 à 8:31
Il avait beau faire un soleil de plomb ce 9 juillet, ils étaient plus de 600 à faire patiemment la queue devant le chantier. Plutôt que d’aller à la piscine, ils voulaient profiter de la journée portes ouvertes pour voir à quoi allait ressembler « La tour de l’Elbe ».
Destiné à devenir la troisième plus haute construction d’Allemagne, après la tour de la Commerzbank et la Messeturm à Francfort, l’« Elbtower » grandissait à l’époque d’un étage tous les 6 à 8 jours.
Plus de 300 personnes travaillaient à l’érection de ce géant de 245 mètres de haut et de 64 étages, planté à l’entrée sud-est du port de Hambourg. Un projet à 950 millions d’euros, qui marquerait l’avènement du premier gratte-ciel de la ville hanséatique.
Un chantier foudroyé
Aujourd’hui, cinq immenses grues rouges entourent toujours le bâtiment en béton battu par les vents mais il n’y a plus d’ouvriers sur place. Signa, le promoteur du projet, a fait faillite en octobre et son prestataire, le groupe de construction Lupp, a renvoyé le personnel, en attendant le règlement de 37 millions d’euros d’impayés.
Emblématique, la « tour de l’Elbe » est loin d’être le seul chantier foudroyé par la crise immobilière. Fort d’un portefeuille immobilier de 27 milliards d’euros, Signa était à la tête d’une vingtaine de projets de prestige en Allemagne.
Beaucoup d’autres promoteurs ont mis la clé sous la porte. Comme Euroboden près de Munich, Gerch, Centrum Development Partner à Düsseldorf ou encore Revitalis, à Hambourg.
« Après une phase de baisse de près de 20 ans, le nombre de faillites dans le secteur de la construction est en nette augmentation depuis 2021 », écrit Konstantin Kholodilin, de l’Institut allemand de recherche économique (DIW), dans un récent rapport sur le marché immobilier.
Une forte hausse des taux d’intérêt
Les raisons de cette hécatombe ? La forte hausse des taux d’intérêt, l’envolée du prix des matières premières et de l’énergie, les nouvelles exigences environnementales.
La crise est tout aussi perceptible dans l’immobilier résidentiel que commercial. Entre janvier et octobre, le nombre de permis de construire de nouveaux logements s’est effondré en Allemagne de 27 % sur un an, pour tomber à 179.800, selon l’Office fédéral de la statistique. Il faut remonter à 2012 pour retrouver un chiffre aussi faible.
Un manque de nouveaux logements
Bilan des courses ? Selon la ministre du Logement, Klara Geywitz, environ 270.000 nouveaux logements seront livrés sur l’ensemble de 2023. Ce qui sera très loin de l’objectif de 400.000 visé en 2021 par le candidat Olaf Scholz.
Au total, les investissements dans la construction de logements vont reculer de 2,1 % en 2023 selon l’institut économique Ifo. Mais le recul sera encore plus marqué l’an prochain, avec une baisse attendue de 3,6 %. Selon l’institut DIW, 5.000 logements de moins seront construits l’an prochain, soit un total de 265.000. « Les investissements dans la construction de logements n’atteindront le creux de la vague qu’au début de 2025 », annonce la Bundesbank dans son dernier rapport mensuel.
30.000 emplois en moins en 2024
L’impact sur l’emploi sera considérable. Alors que le secteur a créé plus de 200.000 postes entre 2012 et 2022, les entreprises du bâtiment s’attendent à la suppression de 30.000 postes en 2024 sur un total de 920.000 aujourd’hui.
« Pas moins de 70 % de nos entreprises prévoient une détérioration de la situation à l’avenir », déclare Felix Pakleppa, le directeur général de la Fédération allemande du bâtiment. « Nous demandons instamment au gouvernement de prendre des mesures. Si rien n’est fait maintenant, la construction de logements va s’effondrer en Allemagne pour des années. »
Une pénurie de logements de plus en plus aiguë
Cette situation catastrophique intervient alors que la pénurie de logements est devenue de plus en plus aiguë dans les grandes villes avec l’afflux de réfugiés. Selon l’association allemande des locataires, il manque environ 700.000 logements en Allemagne. Les loyers montent en flèche et le nombre de logements vides se réduit comme peau de chagrin.
Selon l’institut de conseil Empirica et le spécialiste de l’immobilier CBRE, le nombre de logements vides est tombé fin 2022, à 554.000. Soit à peine 2,5 % du parc national. A Munich ou Francfort, 0,1 % des logements sont disponibles en location…
Dans les grandes villes, la pénurie est telle qu’il n’est pas rare que ce soit les personnes à la recherche d’un logement qui publient des annonces sur les réseaux afin de trouver un propriétaire. Et non l’inverse, comme en France.
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