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Publié le 9 déc. 2023 à 13:03Mis à jour le 9 déc. 2023 à 18:43
C’est peu dire que la lettre de l’OPEP à ses membres, dévoilée vendredi soir, a eu l’effet d’une petite bombe à Dubaï. Dans les immenses all ées de la COP28, où il est fréquent de tomber sur des « happenings » anti-énergies fossiles, négociateurs et observateurs oscillent entre consternation et optimisme ce samedi.
Dans la missive envoyée aux 13 membres de l’organisation (dont l’Arabie saoudite, l’Irak, l’Iran, mais aussi les Emirats arabes unis, qui accueillent cette année la grand-messe onusienne du climat), et aux 10 pays associés (Russie, Mexique, etc.), son secrétaire général, Haitham al-Ghais, « presse » « en urgence » les délégations à rejeter tout texte ou formulation ciblant les énergies fossiles.
Un appel réitéré samedi dans la journée, à la tribune de la COP28, par l’un de ses représentants. « Il n’y a pas de solution ou de voie unique pour atteindre un avenir énergétique durable », a-t-il insisté.
« Colère » et stupéfaction en France
Dans sa lettre, Haitham al-Ghais écrit qu’ « il serait inacceptable que des campagnes aux motivations politiques mettent en danger la prospérité et l’avenir de nos peuples ». Une assertion qui a fait bondir les négociateurs à Dubaï.
A peine arrivée sur place, la ministre de la Transition énergétique française, Agnès Pannier-Runacher, s’est dite « stupéfaite » et « en colère ». Rappelant que les énergies fossiles représentent plus de 75 % des émissions de CO2, la ministre estime que « la position de l’OPEP met en péril les pays les plus vulnérables et les populations les plus pauvres, qui sont les premières victimes de cette situation ».
Teresa Ribera, la ministre de la Transition écologique en Espagne, pays qui assure actuellement la présidence du Conseil de l’Union Européenne, a même qualifié la position de l’OPEP de « répugnante » : « C’est assez répugnant de la part des pays de l’OPEP de s’opposer à ce qu’on mette la barre là où elle doit être ».
Les représentants des pays du Sud, en particulier des îles menacées par la montée des eaux, ont aussi réagi. « Rien ne met plus en danger la prospérité et l’avenir des habitants de la Terre, y compris les citoyens des pays de l’OPEP, que les énergies fossiles », a ainsi déclaré Tina Stege, émissaire pour le climat des îles Marshall.
Une première
Pour les plus optimistes, cette missive pourrait toutefois témoigner d’une évolution positive. « C’est la première fois que les pays pétroliers réagissent comme ça… C’est la preuve qu’ils se sentent vraiment sous pression », veut croire un observateur à Dubaï. Pour Gaia Febvre, du Réseau action climat, « l’OPEP commence à paniquer », preuve qu’« on se rapproche d’un accord historique ».
L’un des grands enjeux de cette 28e édition de la conférence de l’ONU sur le climat est précisément de mentionner les énergies fossiles dans le texte final, qui doit faire l’objet d’un consensus. Ce serait une grande première.
Le nombre de pays ralliés à cette position croît tous les jours, mais certains y restent fortement opposés, notamment l’Arabie saoudite qui a pris des positions très fermes à Dubaï. « Il va falloir être inventifs sur le langage », a souligné la ministre de la Transition énergétique française, Agnès Pannier-Runacher, un peu plus tard dans la journée, lors d’un point presse. « Dans le projet de texte présenté par la présidence, il y a des formulations intéressantes, qui bougent un peu les lignes ».
Une nouvelle version du texte provisoire a été publiée vendredi soir, comportant cinq options possibles sur la mention des fossiles, notamment une « sortie des énergies fossiles alignée sur les meilleures connaissances scientifiques disponibles ».
Lors d’une rencontre avec des journalistes, l’émissaire chinois Xie Zhenhua a de son côté estimé que les négociations sur les fossiles avancent. « Nous avons déjà fait des progrès sur ce sujet, et je pense que nous en aurons d’autres très bientôt, dans les prochains jours », a-t-il déclaré.
En fin de journée samedi, le président de la COP28, Sultan Al Jaber, a déploré la lenteur des négociations. «Nous faisons des progrès, mais pas assez vite, et de façon pas assez satisfaisante», a-t-il déclaré lors d’une séance plénière devant l’ensemble des délégués des pays, répétant qu’il entendait tenir son calendrier de clôture de la COP28 mardi. «Il est temps de mettre de côté ses propres intérêts au nom de l’intérêt général», a-t-il insisté.
La COP28 est entrée dans le dur des négociations avec le retour des ministres depuis samedi, pour faire aboutir les négociations d’ici mardi. Une COP dont le succès sera largement lié à la mention – ou pas – des fossiles dans le texte final.
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