Présidence du Medef: « l’intelligence artificielle va beaucoup nous apporter »

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Si elle est élue présidente du Medef, Dominique Carlac’h se fixe un « objectif qui va dominer tous les autres »: « préparer la France et les entreprises de 2030 ». Elle a dit vouloir un « Medef qui portera haut et fort les couleurs de l’équipe de France économique ».

En conclusion du débat, Patrick Martin n’a pas exclu le principe d’une alliance avec Dominique Carlac’h. « On peut faire alliance. Le principe de l’alliance n’est pas en cause, ce qui est important c’est qu’on soit alignés sur les valeurs, les objectifs et qu’on ait de part et d’autre des équipes qui peuvent converger ».

Or, l’actuel vice-président du Medef s’est dit « beaucoup moins à l’aise » avec « un certain nombre de colistiers » de Dominique Carlac’h et de certaines de leurs propositions. Par exemple, « faire entrer massivement des micro-entrepreneurs au Medef, c’est la mort du Medef », a-t-il dit.

Pour Dominique Carlac’h, l’intelligence artificielle est une « vraie révolution industrielle » qui apportera « des opportunités et des menaces » avec le risque de destruction de centaines de milliers d’emplois.

Mais cela va aussi « pouvoir générer de la productivité » ou encore « un enrichissement des relations clients », a estimé la candidate à la présidence du Medef.

« C’est un enjeu essentiel ». Interrogé sur l’intelligence artificielle, Patrick Martin a estimé que cette technologie allait « nous apporter beaucoup », à condition « d’accompagner ce mouvement et de tout faire -et l’Europe est extrêmement précieuse de ce point de vue- pour qu’on ait une intelligence artificelle éthique » et qu’on « ancitipe les effets de bord massifs de l’intelligence artificielle ».

Dominique Carlac’h dit « oui » à la croissance. « On ne peut pas être dans une économie de décroissance parce que c’est une économie de paupérisation », a-t-elle assuré, reconnaissant toutefois que « croître indéfiniment pose problème ».

C’est pourquoi le 21e siècle doit être le « siècle de l’efficience ». « On continuera à nourrir, à transporter, à loger à peu près tout le monde mais avec une économie de ressources », a-t-elle indiqué.

Patrick Martin a appelé à « arrêter de stigmatiser » les entreprises qui font déjà beaucoup selon lui en matière de partage de la valeur. Il a notamment rappelé que lors de la négociation paritaire avec les syndicats, le diagnostic a établi que « le partage de la valeur en France reste un des plus vertueux du monde. Aux États-Unis, les actionnaires se servent beaucoup plus » en dividendes « qu’il y a quelques années ».

Les entrepreneurs qui peinent à recruter n’auront de toute façon pas le choix de mettre en place des dispositifs de partage de la valeur attractifs, selon lui.

Il s’est par ailleurs dit opposé à l’idée d’une nouvelle taxe sur les entreprises pour financer la transition écologique, jugeant que « taxer massivement est une maladie française ». « Les entreprises françaises sont les deuxièmes les plus taxées au monde » a-t-il dit.

« On va y arriver ». Dominique Carlac’h s’est montrée confiante sur la capacité des entreprises à se décarboner. Pour autant « il ne faut pas opposer économie et écologie, parce que si sauver la planète consiste à mettre des peaux de bête, des massues et à aller vivre dans des grottes, ça ne va pas fonctionner », a-t-elle déclaré.

L’actuelle co-vice-présidente du Medef préconise plutôt d’avoir « une foi acharnée dans le progrès » et de « libérer certaines charges qui nous empêchent dans nos investissements ». Elle s’est en revanche dit totalement opposée au principe « d’éco-conditionnalité », « une ligne rouge absolue ».

Interrogé sur l’urgence climatique, Patrick Martin a assuré que les entreprises étaient « très déterminées » à se décarboner. « Je ne vois plus parmi les 190.000 entreprises adhérentes du Medef des climato-sceptiques ».

Pour autant, le candidat à la présidence de l’organisation patronale estime qu' »on va beaucoup trop vite ». « On ne peut pas demander aux entreprises françaises dans un laps de temps aussi court de se décarboner, sans quoi on aura des effets paradoxaux » dont la « désindustrialisation », a mis en garde Patrick Martin, appelant à « bien considérer que la France c’est 0,7% des émissions mondiales, pour 4% du PIB ».

« Sur les impôts de production, on a bien avancé. Mais ça a été un combat », a rappelé Patrick Martin, évoquant les 18 milliards d’euros de baisses obtenues par les entreprises. Le vice-président du Medef a toutefois dit vouloir aller plus loin: « Je pense qu’on doit aller chercher 20 milliards de baisses supplémentaires », ce qui remettrait la France « dans la moyenne européenne ».

Parmi les causes de la désindustrialisation et du retard pris par l’Europe en matière de compétitivité face aux Etats-Unis et à la Chine, Patrick Martin a cité le trop grand nombre de réglementations, évoquant un « délire normatif au niveau européen et au niveau français ».

Même chose pour Dominique Carlac’h qui a dénoncé « une règlementation qui est complètement anti-performance industrielle, qui met en avant le principe de précaution et de vigilance au lieu du principe d’innovation et de sobriété ». Elle a également annoncé vouloir créer une « commission règlementation compétitive ».

Interrogée sur le thème de la désindustrialisation, Dominique Carlac’h a appelé à mettre en oeuvre une « politique industrielle ambitieuse ». « On n’aura pas une économie forte sans une industrie forte », a-t-elle affirmé.

« Quand on fait face aux capitalismes américain et chinois, il ne faudrait pas qu’on reste naïfs et des nains sur cette planète », a poursuivi la candidate à la présidence du Medef.

Interrogé sur le télétravail, le candidat à la présidence du Medef, ne cache pas « manquer de recul sur ce phénomène », même s’il l’admet pour les jeunes salariés « qui sont nés dans le télétravail et qui auront sans doute du mal à y revenir ».

Pour Patrick Martin, le télétravail conduit à trois risques qu’il a énumérés:

« On peut très bien télétravailler depuis l’Inde, le Guatemala, donc il y a un risque de délocalisation supplémentaire ».

Il a également pointé le risque « de fracture » entre ceux qui télétravaillent et ceux qui ne le peuvent pas.

Le candidat s’est dit « prudent », avec le risque d’une perte de collectif dans l’entreprise.

Interpellée sur les salaires par le patron du groupe Eclore Stéphane Manigold, Dominique Carlac’h a déploré le poids « des charges sur les salaires des classes intermédiaires »:

« Oui, il y a la question des charges sur les salaires des classes intermédiaires qui nous empêchent de faire progresser nos salariés » a-t-elle dit.

La candidate à la présidence du Medef a par ailleurs annoncé sa volonté de créer une « commission consommation » au Medef afin de « prendre le pouls du consommateur, de ses évolutions sociologiques, pour comprendre ce qu’il veut, ce qu’il attend ».

« Le paritarisme de gestion est indispensable. Il n’y a aucune ambiguïté là-dessus », a déclaré Dominique Carlac’h, disant avoir constaté grâce à son expérience « la pertinence de la négociation sociale » avec les syndicats.

Patrick Martin a dit vouloir « entretenir et développer le paritarisme, y compris le paritarisme de gestion ».

« Je suis un fervent défenseur du dialogue social. (…) Nous sommes les mieux placés, salariés et employeurs, pour comprendre ce qui se passe dans les entreprises », a-t-il poursuivi. « La tendance en France, c’est l’étatisation. Si ça marchait, ça se saurait », a également lâché le candidat à la présidence du Medef.

Pour Dominique Carlac’h, « ce serait une erreur politique de renoncer à l’investissement sur l’apprentissage », alors que le gouvernement envisage de réduire les aides prochainement. « Je ne suis pas pour », a-t-elle dit.

Même son de cloche du côté de Patrick Martin qui a rappelé avoir lui-même « négocié les aides à l’apprentissage » avec l’ancienne ministre du Travail, Muriel Pénicaud. « Ces jeunes à 70% trouvent un débouché professionnel dans l’année qui suit leur formation. Ils ne coûtent pas à la collectivité, ils rapportent à la collectivité », a-t-il affirmé, reconnaissant toutefois un « angle mort » puisque l’apprentissage « concerne essentiellement les formations supérieures mais pas suffisamment les formations infra-bac ».

Pour lutter contre le chômage et atteindre le plein emploi, Dominique Carlac’h a dit vouloir « se battre pour la reconversion ». « Nous pouvons et devons faire beaucoup mieux », a-t-elle reconnu. Et de faire la proposition suivante: « L’apprentissage aujourd’hui, on sait que ça marche pour les jeunes. Mais pourquoi ne pas l’étendre avec un apprentissage senior? ».

Interrogé sur ses mesures pour permettre à la France d’atteindre le plein-emploi, Patrick Martin a appelé à « couper le robinet en amont ». « On a un million de Neets, des jeunes qui n’ont pas d’emploi ni de formation, qui sont laissés en déshérence. Il faut que nous soyons très résolus sur la réforme du lycée professionnel », a-t-il dit.

Selon lui, « la démographie va nous imposer d’aller chercher toutes ces personnes éloignées de l’emploi ». « Il faut que nos entreprises décuplent les efforts pour être plus impliquées au stade de l’orientation, ensuite pour accueillir des stagiaires et enfin pour les employer ».

Dominique Carlac’h a rappelé son « engagement au service des entreprises » tout au long de sa carrière. Elle a mis en avant sa « capacité à bâtir » et dit avoir une conviction: que les entreprises sont la « solution économique, sociale environnementale et humaine ».

La candidate à la présidence de l’organisation patronale a dit vouloir former un « Medef de solutions, qui affirme la place centrale des entreprises et entrepreneurs » face aux transformations à venir. « Le Medef que je présiderai sera énergétique, moderne. Il parlera haut et fort et ne se laissera jamais intimider », a-t-elle conclu.

« Le Medef est un acteur majeur de la vie de notre pays et je souhaite qu’il le soit encore plus dans les prochaines années », a déclaré Patrick Martin en ouverture du débat avec Dominique Carlac’h.

« Nous sommes un pivot essentiel de la démocratie sociale dont la France a plus que jamais besoin », a ajouté l’actuel vice-président de l’organisation patronale, se présentant comme un « bâtisseur » qui a « multiplié par 21 » le chiffre d’affaires de son entreprise familiale et « par 12 » ses effectifs.

Pour tenter de convaincre les 1123 électeurs du MEDEF, les deux candidats encore en lice pour la présidence arpentent le terrain. Début juin, Dominique Carlac’h était à Mantes-la-Jolie pour parler entrepreneuriat chez les jeunes.

« Vous réunissez mes deux passions: l’industrie et la musique ». Dans les allées de l’usine du leader mondial de la clarinette, Dominique Carlac’h ne tarit pas d’éloges sur l’excellence de l’industrie « à la Française ». Un prétexte pour s’exprimer sur l’une des grandes priorités de son programme: les difficultés de recrutement.

De son côté, Patrick Martin s’est rendu dans le Loiret la semaine dernière: « On a tellement tendance à se dire que c’est la fin du monde, que les gens ne veulent plus rien foutre, qu’il n’y a plus de métier. En réalité, ce n’est pas vrai » a notamment déclaré Patrick Martin à deux jeunes qui viennent de remporter un concours de robotique après s’être formés aux métiers industriels. Un bel exemple à mettre en avant pour le candidat à la présidence du MEDEF, qui plaide pour un effort massif sur les formations.

Quelle image ont les Français des entreprises? C’est une question qui intéressera forcément Patrick Martin et Dominique Carlac’h, les deux candidats à la présidence du Medef qui débattent ce lundi de 18h à 20h sur BFM Business, à 10 jours de l’élection. Ils seront donc contents de savoir que 74% des Français ont une « bonne image » de leur entreprise, selon un sondage Elabe pour BFM Business.

Une image qui s’améliore d’ailleurs ces derniers mois après une année 2022 compliquée liée à la crise énergétique et à la baisse pouvoir d’achat. Mais les Français préfèrent les petites entreprises aux grandes: 78% ont une bonne image des TPE/PME contre 53% pour les grandes entreprises.

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L’élection du Medef se fait par le biais de « grands électeurs ». Au total, 1123 votants se prononceront le 6 juillet. Parmi eux, 673 sont issus des fédérations professionnelles et 449 des Medefs territoriaux.

Le nombre d’électeurs dans chaque fédération et dans chaque organisation territoriale dépend de leur nombre d’adhérents et donc du montant de leur cotisation. Des chiffres secrètement gardés par les uns et les autres, mais que BFM Business s’est procuré.

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Dernière ligne droite pour l’élection à la présidence du Medef. Le 6 juillet, Geoffroy Roux de Bézieux laissera son siège de « patron des patrons » à Dominique Carlac’h ou Patrick Martin. Les deux candidats débattent ce lundi soir entre 18 et 20 heures sur BFM Business.