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L’association de défense des consommateurs a décidé d’attaquer l’Etat en justice pour son « refus obstiné » de « réguler l’installation des médecins » alors que « la désertification médicale s’accentue ».
L’association UFC-Que Choisir a déposé un recours devant le Conseil d’Etat pour dénoncer « l’inaction » du gouvernement face aux inégalités croissantes d’accès aux soins et l’enjoindre à agir, a-t-elle annoncé ce mardi, dévoilant une étude sur « l’aggravation dramatique » de la démographie médicale.
« Après des années de négociations auprès des décideurs politiques qui restent sans réponse, l’UFC-Que choisir saisit aujourd’hui le Conseil d’État pour faire constater et sanctionner la coupable inaction gouvernementale » et « défendre le droit constitutionnel à la santé », écrit l’association dans un communiqué. Elle dénonce en particulier « le refus obstiné des autorités de réguler l’installation des médecins », et invite les Français à signer et « partager massivement » une pétition.
Médecins généralistes, gynécos, ophtalmos, pédiatres: l’UFC-Que Choisir a mis à jour sa carte interactive des inégalités d’accès aux médecins « en accès direct », élaborée en 2022 à partir de données publiques et issues de la littérature scientifique. « Sans surprise, la désertification médicale s’accentue, du fait de la hausse des besoins » et d’une « vague de départs en retraite », observe-t-elle.
Près d’un Français sur cinq réside dans un désert médical
L’étude croise deux critères: l’éloignement géographique des médecins -les « déserts » étant caractérisés par une densité 60% inférieure à la moyenne pour les spécialistes situés à moins de 45 minutes de route, ou 30 minutes pour les généralistes- et les tarifs pratiqués. Ainsi, 19,3% des Français résident dans un désert médical pour l’ophtalmologie, 24,8% des femmes dans un désert médical gynécologique et 28,9% des enfants dans un désert médical pédiatrique, analyse l’UFC.
En excluant les praticiens qui pratiquent des dépassements d’honoraires, « la situation devient absolument catastrophique »: plus d’un enfant sur deux vit dans un lieu déserté des pédiatres, 59,3% des Français dans un désert médical pour les ophtalmologues, et 69,6% des femmes pour les gynécologues, déplore l’UFC.
Les généralistes sont mieux répartis, avec 2,6% des patients classés en désert médical, soit 1,7 million de personnes, auxquels l’association ajoute 21% de patients ayant un « accès difficile » (densité au moins 30% inférieure à la moyenne). Entre 2021 et 2023, 44,4% de la population « a vu l’accessibilité aux généralistes se dégrader ».
Des bénévoles ont contacté anonymement 2.642 médecins généralistes pour leur demander s’ils accepteraient de les suivre en tant de médecin traitant. La majorité (51,5%) ont refusé, contre 44% lors d’une précédente enquête en 2019. La plupart suivaient déjà trop de patients (74%), ou devaient bientôt partir en retraite (12%). L’association a également contacté 761 ophtalmologues, dont 28% ont refusé de planifier un rendez-vous, la majorité proposant des délais très longs, soit 65 jours en moyenne.
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